Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, lors de son inspection du Centre Hospitalier du Rouvray en octobre 2019, avait indiqué la nécessaire évolution des pratiques d'isolement et de contention. Le projet de création d’espaces d’apaisement mobilisant la technologie WaveCare a ainsi vu le jour. Grâce à la collaboration de la direction des soins, la direction de la qualité, les équipes soignantes et les services techniques.
L’espace d’apaisement est un procédé datant de 2014 venant tout droit du Danemark. Cette pièce peut représenter une alternative à la contention et à l’isolement des patients lors des phases de crise. Elle peut aussi être utilisée contre le stress. Elle permet aux professionnels de santé d'améliorer l'accompagnement des patients rencontrant des difficultés d'endormissement. Au Danemark, les résultats sont encourageants, divisant par deux le recours à la médication, à l’isolement et à la contention. Le Centre Hospitalier du Rouvray est le 2ème établissement de France à mettre en place ce système innovant après le Centre Hospitalier du Vinatier à Lyon.
Pour le confort
Cet espace sollicite plusieurs sens : l’ouïe, la vue et le toucher. Le patient s’installe confortablement dans un large pouf et allonge ses jambes grâce à un repose pied. De grands rabats sur les côtés du siège peuvent être mis sur lui afin de lui donner un sentiment d’enveloppement et de sécurité. À l’entrée de la pièce se trouve une tablette tactile reliée à un vidéoprojecteur, à des hauts parleurs et à des lumières d'ambiance.
Les professionnels de santé disposent de 7 thèmes différents adaptables en fonction des préférences du patient : la mer, la montagne, la forêt, etc. Une vidéo relaxante est projetée au mur et des sons d’ambiance sont diffusés. La lumière principale s’éteint et laisse place à de douces lumières colorées. Le patient peut se détendre et profiter d’un moment de calme en toute sécurité. La durée de chaque séquence varie entre 15 et 55 minutes.
Initialement, ces pièces étaient un bureau médical ou une chambre d’isolement. Tous les murs ont été peints en blancs pour agrandir l’espace et favoriser une bonne visibilité de la vidéo. Les sols ont été remplacés par un sol souple imitation parquet, rappelant le sol d’une maison.
Pour la sécurité et la durabilité
De nombreuses mesures de protection ont été mises en place afin de laisser le patient en autonomie.
· La tablette qui permet la sélection des thèmes a été protégée par une grande colonne en bois réalisée sur mesure.
· Le vidéoprojecteur fixé au plafond a été encoffré contre l’arrachement. Il ne peut pas non plus servir à s’accrocher.
· Le radiateur choisi est un modèle plat afin d’éviter de se crocher dessus et ne pas attirer l’œil. Un système de chauffage par plinthes est également en test pour sécuriser l’environnement.
· Les poignées des fenêtres ont été démontées, le volet roulant a été électrifiée tout en laissant la possibilité aux professionnels d’ouvrir ou de fermer volets et fenêtres.
· Un revêtement plastique nommé « acrovyn » a été posé sur certains murs afin de les protéger en cas de chocs et de faciliter leur lessivage.
Le déploiement du projet
L’établissement compte aujourd’hui des espaces d’apaisement dans 3 unités d’hospitalisation : De Nerval, Lacan et Fanon 2. Les prochaines unités à bénéficier de ce système seront Artaud, Verlaine, Maupassant et Fanon 3.
Chaque pièce représente un coût total de 50 000€ environ. Pour combiner confort, sécurité, durabilité et économie, tous les corps de métier sont intervenus dans ce projet et ont travaillé de concert avec les médecins, les cadres et des équipes de soins : menuisiers, maçons, peintres, électriciens, métalliers, serruriers et plombiers.
Et demain ?
Cette nouvelle prestation nécessite des ajustements à la fois organisationnel et technique à chaque mise en place. Cette expérimentation au sein de notre établissement permettra à terme de faire évoluer les pratiques de soin en psychiatrie.
